Bord de forêt au crépuscule, vers 1835-1840
Huile sur toile, H. 0.2 m ; L. 0.28 m
Inscription à l’encre sur le verso : (…) / (…) / C. G. Carus / Rietschel / Ober (..) / Dresden. (…) 2.6.45.
Provenance : Ernst Friedrich Rietschel (1804-1861), Dresde
Collection privée
Elisabeth Bülck, C. G. Carus, sein Leben und sein Werk im Verhältnis zu C. D. Friedrich und dessen Schülern betrachtet, thèse non publiée, Greifswald, 1943.
Marianne Prause, Carl Gustav Carus. Leben und Werk, Berlin, 1968, p. 173, no. 412.
Au bord d’une forêt, les derniers rayons de soleil illuminent l’herbe du premier plan et l’étendue d’arbres, laissant la zone au centre de la composition dans l’ombre. Le ciel rend cette scène de crépuscule vivant, avec les nuages obscurs et de belles percées de couleurs claires, dans des tonalités de bleu, blanc et rose. Cette étude peinte, publiée dans le catalogue raisonné de Prause, montre une même facture relativement libre et une même attention portée aux effets atmosphériques que les études à l’huile peintes par Carus au milieu des années 1830 et après.
Ce tableau révèle l’intérêt croissant de Carus pour l’esthétique naturaliste, sous l’influence de son ami Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), d’Alexander von Humboldt (1769-1859), et des esquisses à l’huile du peintre de paysage norvégien Johan Christian Dahl (1788-1857). Ce style se démarque des tableaux que Carus avait peints plus tôt dans sa carrière. Avec leurs motifs quasi-mystiques et leur exécution plus minutieuse, ils étaient profondément influencés par son premier mentor, Caspar David Friedrich, avec qui il se lie d’amitié dès 1816.
En grande partie autodidacte comme peintre, Carus était surtout un médecin de grand renom. Egalement théoricien de la peinture de paysage, il publie les Neuf Lettres sur la peinture de paysage (Neun Briefe über Landschaftsmaleri, 1831), considérées comme la théorie par excellence du paysage romantique allemand. Il présente la peinture de paysage comme Erdlebenerlebnis (expérience de la communion avec la vie de la terre) et Erdlebenbildkunst (art de la représentation de la vie de la terre). Dans le même ouvrage, il conçoit, sous l’influence d’Alexander von Humboldt (Tableaux de la nature, 1808) une ‘Physiognomonie des montagnes‘, ayant comme base la connaissance scientifique des éléments naturels.
Toujours dans ses Briefe (3e lettre), Carus définit la représentation d’un ciel comme la vraie image de l’infini, ce qui montre le contenu métaphorique que Carus attribue aux tableaux comme celui-ci.
Ernst Friedrich Rietschel (1804-1861), était un sculpteur célèbre en son temps, qui s’est spécialisé dans les monuments d’illustres personnages allemands, historiques et contemporains. Dans sa collection, il avait de nombreux tableaux de Carus.