Danseuse de profil
Edgar Degas (1834-1917)

Danseuse de profil, Vers 1885

Crayon noir sur papier gris., H. 0.33 mm ; L. 0.175 mm

Porte en bas à droite le cachet rouge de la vente de l’atelier, réf. Lugt 658.
Porte au dos en bas à droite le timbre de l’atelier, réf. Lugt 657.

Provenance : Atelier Degas, IIIe vente, Paris, avril 1919, n° 278b.
Collection particulière, France.

Bibliographie :

Catalogue des tableaux, pastels et dessins par Edgar Degas et provenant de son atelier. Vente à Paris, Galerie Georges Petit, les 7, 8 et 9 avril 1919, décrit et reproduit p. 241, n° 278b.

Issu de la bonne bourgeoisie bancaire, Degas entra dans l’atelier de Louis Lamothe, où se perpétuait l’enseignement ingresque. L’importance que Degas accordait à un dessin précis et vigoureux témoigne de l’ascendant qu’exerça Ingres, qu’il considéra toute sa vie comme le plus grand peintre contemporain. Ce dernier lui aurait d’ailleurs intimé :

« Faites des lignes, jeune homme, beaucoup de lignes, de souvenir ou d’après nature, c’est ainsi que vous deviendrez un bon artiste. »

Sensible aux préoccupations impressionnistes, Degas est résolument un « peintre de la vie moderne » pour reprendre la définition qu’en fit Charles Baudelaire dans Le Figaro en 1863. Artiste universellement associé au monde de la danse, Degas y voit un sujet idéal d’observation du mouvement. Il tente de fixer, à la manière de la photographie naissante qu’il pratique d’ailleurs avec succès, le mouvement des danseuses, et ce au travers de poses naturelles et spontanées.

Car l’intérêt de Degas ne se limite pas aux performances scéniques des jeunes danseuses : l’artiste se plaît également à retranscrire les situations informelles qui entourent le spectacle. Il demeure en effet fasciné par la dualité gestuelle des danseuses, saisies en pleine tension au cours de l’exercice, ou au contraire en pleine relâche lors de leurs rares moments de repos, comme c’est ici le cas. De ces postures saisies dans l’instant, la justesse est frappante, en dépit, ou plutôt, par la grâce d’un manque de fini qui inspirait à Paul Valéry cette réflexion :

« Achever un ouvrage consiste à faire disparaître tout ce qui montre ou suggère sa fabrication… la condition d’achèvement a paru [à Degas] non seulement inutile et gênante, mais même contraire à la vérité, à la sensibilité et à la manifestation du génie . »