Deux chevaux de trait, 1825-1832.
Huile sur panneau d’acajou., H. 0.40 m ; L. 0.63 m
Signé en haut à gauche : Delacroix.
Provenance : Vente posthume, Paris, 15-19 février 1864, no. 203, (acheté 250 fr. par M. de Hérédia).
Collection particulière.
Alfred Robaut, L’œuvre complet de Eugène Delacroix, Paris, 1885, supplément, p. 461, no. 1867 « Deux chevaux de trait », no. 203 de la vente posthume (250 fr. à M. de Hérédia).
Attaqué de son vivant pour ses audaces formelles, qui lui valurent ensuite d’être considéré comme un précurseur génial, Delacroix est considéré de nos jours comme le chef de l’école romantique et, en tant que tel, il est opposé à Jean-Dominique Ingres et à ses élèves. Delacroix se définissait pourtant comme un « pur classique » et sa peinture a toujours revendiqué et assumé la notion de sujet. Son art est caractérisé par une richesse et une vigueur exceptionnelles.
Delacroix avait la même prédilection pour les chevaux que son ami Théodore Géricault. Il a d’ailleurs toujours interprété les animaux de façon étourdissante, allant jusqu’à mettre en accord l’aspect des chevaux, avec l’esprit même du sujet : le cheval de Trajan est compatissant, celui de Méphisto, diabolique, celui d’Attila, surnaturel.
Dans notre tableau représentant deux chevaux de trait devant une étable, la rapidité de la facture permet de saisir la vivacité et les frémissements des animaux. A droite s’étend un paysage aux grands horizons nuageux, peint d’une manière très fluide dans des couleurs éclatantes. Cet élargissement de l’espace et cette intensification des couleurs témoigne de l’intérêt qu’avait Delacroix pour la peinture anglaise, et en particulier pour l’œuvre de John Constable, dont la Charrette à foin est exposée à Paris en 1824. Delacroix s’est lié d’amitié avec plusieurs peintres anglais, entre autres avec Richard Parkes Bonington, qu’il apprécie particulièrement.