Deux coqs se battant pour une poule huppée
Jacques Barraband (1768-1809)

Deux coqs se battant pour une poule huppée, Vers 1800

Huile sur toile, H. 0.89 m ; L. 1.17 m

Signée en bas à gauche : Barraband.

Provenance : Acquis par un particulier à Nice en novembre 1958. Collection particulière, Italie.

Bibliographie :
  • L’Observateur du Musée Napoléon, Paris, 1806, p. 7, n° 15.
  • Robert Guinot, Jacques Barraband, peintre sous Napoléon Ier, Paris, 2002, p. 54.

Né à Aubusson dans une famille attestée dans la ville depuis le XVIe siècle, Jacques Barraband est baptisé le 31 août 1768. Son père, Jacques Barraband, peintre et fabriquant de tapis, figure en 1785 parmi les cinq principaux employeurs de haute lisse. L’enfant fréquente sans doute assez tôt l’une des deux écoles de dessin de la ville, qui admettaient alors les élèves dès l’âge de sept ans. Lauréat, Jacques Barraband fournit des cartons à son père avant de partir pour Paris. Il y suit les cours de l’Académie Royale de peinture où il est, entre 1787 et 1793, l’élève de Joseph Laurent Malaine, peintre de fleurs de Louis XVI à la manufacture des Gobelins. Les années qui suivent sont sans doute assez difficiles. A la suite du démantèlement des manufactures en 1793, de l’émigration de certaines familles et de l’inquiétude de l’époque, la clientèle se fait plus rare. Cette baisse d’activité amène Barraband à diversifier ses compétences : peinture de chevalet, cartons de tapisseries, décors pour porcelaine.

En 1796, grâce à ses qualités de dessinateur, l’artiste est chargé d’illustrer l’Histoire naturelle des oiseaux d’Afrique de Le Vaillant. C’est le début d’une longue et prolifique collaboration. L’un des points forts de la carrière de Barraband est sans aucun doute sa collaboration aux ouvrages d’histoire naturelle entrepris par Le Vaillant. Il a fourni en effet la plupart des illustrations pour Histoire naturelle des Perroquets, Histoire naturelle des Oiseaux de Paradis et des Rolliers suivie de celles des Toucans et des Barbus, Paris 1803, et Histoire Naturelle des Pomerops et des Guépiers… faisant suite à celle des Oiseaux de Paradis, Paris 1806.

Cela représente plus de trois cents dessins à la gouache et à l’aquarelle. Certaines séries ont été complétées par Auguste Pelletier, Barraband n’ayant pu fournir les dessins sans doute en raison de problèmes de santé. En plus de leur indéniable beauté, ces aquarelles sont d’une précision scientifique que peu d’artistes ornithologues ont atteinte depuis.

Parmi les autres travaux de Barraband liés à l’édition, on peut citer une Histoire naturelle de Buffon, et la mise en forme des matériaux recueillis par l’Institut d’Egypte et publiés à partir de 1800 dans les Mémoires d’Egypte. La virtuosité du dessinateur fera dire, après sa mort, à son confrère Gault de Saint-Germain que Barraband « peut être compté dans le nombre de ceux qui ont propagé le goût de l’histoire naturelle qui doit une grande partie de ses progrès à son association avec la peinture »

Cette activité n’est cependant appréciée que d’un cercle réduit de connaisseurs. Il semble que le tournant dans la carrière de l’artiste soit l’exposition de l’industrie organisée en 1798 par le ministre de l’Intérieur, François de Neufchâteau. Barraband y expose le tableau, Faisan et perroquets, ainsi que des oiseaux peints sur porcelaine pour la manufacture de Dilh et Guerhard. Il travaille dès lors de plus en plus. Percier et Fontaine lui demandent des peintures pour les décors qu’ils réalisent, par exemple pour la salle à manger du château de Saint-Cloud en 1804. En 1808, il peint le plafond d’un cabinet portatif en acajou pour Joseph Bonaparte, alors roi d’Espagne. Il continue de fournir des cartons pour les Gobelins et la Savonnerie. Il envoie des œuvres, essentiellement des oiseaux, aux expositions d’industrie et au Salon, entre 1800 et 1806. Le 25 janvier 1807, Jacques Barraband est nommé professeur à l’Ecole spéciale des Arts et Dessin de Lyon. C’est dans cette ville qu’il s’éteint, le 1er octobre 1809.

Les peintures à l’huile de Jacques Barraband sont rares et donc précieuses. L’artiste s’exprimait, en effet, plus volontiers sur papier. C’est ainsi qu’il présenta essentiellement des aquarelles au Salon auquel il participa régulièrement dès 1798. Ce fut le cas en 1804, année où il obtint une médaille d’or pour ses illustrations destinées à la Description d’Egypte et aux Histoires naturelles de Levaillant. En 1806, il n’était pas présent. C’est pourtant cette année-là que L’Observateur au Musée Napoléon remarqua Deux coqs se battent pour une poule huppée. La revue écrivait que « ce tableau est comparable à ce qu’il se fait de mieux dans le genre ». Elle voyait dans Barraband le  » La Fontaine de la peinture  » ( » Barraband tu charmes nos yeux… « ). C’est ce magnifique tableau, dans lequel Barraband  » dérobe à la nature ses traits fins et toujours heureux « , que nous redécouvrons plus de deux siècles après, parfaitement conservé et dans toute sa fraîcheur.

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