Homme de Java en tenue d’apparat, 1884
Huile sur toile, H. 2.2 m ; L. 1.2 m
Signée et datée au centre à droite : André Collin 1884
Provenance : Collection privée
- Le Hardy de Beaulieu, « André Collin 1862-1930 », Aux Sources de la Lesse, 1999-2, p. 25, ill. 35.
Collin se forme à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il est l’élève de Jean-François Portaels, lui-même disciple de Navez qui a implanté en Belgique les enseignements de David. Après avoir remporté le concours Godecharle en 1884, Collin s’installe à Paris où il travaille dans l’atelier de Jules Lefèbvre et de Gustave Boulanger, tous deux peintres de succès et professeurs à l’École des Beaux-Arts et l’Académie Julian. Vers 1886, il part à Liège pour quelques années, avant d’ouvrir un grand atelier à Bruxelles. Il se lie d’amitié avec son mécène Henri van Cutsem, qui le reçoit dans sa propriété et lui lègue le château de Ronfays à son décès. Collin y réside jusqu’en 1918 quand il s’installe à Menton pour des raisons de santé. Il participe régulièrement aux salons de Bruxelles. Il a laissé de beaux paysages du Luxembourg belge et de la Côte d’Azur, mais également d’intéressantes scènes d’intérieur et des scènes de genre.
Exécuté probablement au moment de son séjour à Paris, notre tableau est typique de sa première manière. Réaliste et précise dans le traitement du costume d’apparat du personnage, l’œuvre rend la lumière diffuse et se montre très sensible au rendu de l’atmosphère. Le jeune homme porte un « sarong » noué devant. Cette grande pièce de tissus est portée aussi bien par les femmes que par les hommes indonésiens, qui la plient et la nouent autour de leur taille. Sa chemise épaisse et ajustée est typique de Java et s’appelle « beskap ». Généralement de couleur foncée et d’une étoffe unie, le « beskap » est porté lors de cérémonies et grandes occasions. Sur sa tête, on reconnait un « blangkon », la coiffe traditionnelle des hommes javanais. Il porte également un « kriss » : une épée à lame droite ou sinueuse, aiguisée sur les deux tranchants. À la fois arme et objet rituel, le « kriss » est traditionnellement considéré comme ayant des pouvoirs magiques et se transmet de père en fils. À Java et à Bali, le « kriss » se porte dans le dos comme Collin l’a représenté ici.