Inondation dans la vallée Rosental, Leipzig, vers 1835-1840
Huile sur toile, H. 0.21 m ; L. 0.28 m
Inscription à l’encre sur le châssis : (…) Von Professor C.G. Carus / gemalt / Rietschel / (…)
Provenance : Ernst Friedrich Rietschel (1804-1861), Dresde
Collection privée
Elisabeth Bülck, C. G. Carus, sein Leben und sein Werk im Verhältnis zu C. D. Friedrich und dessen Schülern betrachtet, thèse non publiée, Greifswald, 1943.
Marianne Prause, Carl Gustav Carus. Leben und Werk, Berlin, 1968, p. 143, no. 261.
Ce tableau est étroitement lié à une autre œuvre de Carus : Paysage fluvial dans la vallée Rosental, près de Leipzig, Kunsthalle, Hambourg, daté par Prause de 1838-1840 dans son catalogue raisonné (no. 260). Prause publie notre tableau sous le no. 261, sans pourtant le dater ou se prononcer sur le lien entre ces deux tableaux. Il n’est pas exclu que notre tableau ait servi d’étude préparatoire au no. 260. La facture relativement libre et l’intérêt pour les effets de couleur sont proches des petites études à l’huile et des tableaux datés du milieu des années 1830 et après.
En grande partie autodidacte comme peintre, Carus était surtout un médecin de grand renom. Egalement théoricien de la peinture de paysage, il publie les Neuf Lettres sur la peinture de paysage (Neun Briefe über Landschaftsmaleri, 1831), considérées comme la théorie par excellence du paysage romantique allemand. Il présente la peinture de paysage comme Erdlebenerlebnis (expérience de la communion avec la vie de la terre) et Erdlebenbildkunst (art de la représentation de la vie de la terre). Dans le même ouvrage, il conçoit, sous l’influence d’Alexander von Humboldt (Tableaux de la nature, 1808) une ‘Physiognomonie des montagnes‘, ayant comme base la connaissance scientifique des éléments naturels.
Ici Carus représente l’un de ses sujets préférés : un paysage tranquille au clair de lune. Les thèmes de clair de lune avaient été développés de manière grandiose à l’époque romantique par Caspar David Friedrich (1774-1840), ami et premier mentor de Carus (dès 1816). Mais l’influence de Friedrich sur Carus diminue vers le milieu des années 1820, au moment où Carus s’intéresse de plus en plus à l’esthétique naturaliste, sous influence de Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), avec qui il entretient une correspondance; d’Alexander von Humboldt (1769-1859); et des esquisses à l’huile du peintre de paysage norvégien Johan Christian Dahl (1788-1857).
Carus avait déjà traité ce même sujet du parc de Rosental près de Leipzig en 1814 (Frühlingslandschaft im Rosental, Dresde, Staatliche Kunstsammlung, Prause no. 259), dont l’exécution un peu minutieuse et l’atmosphère dramatique se rapprochent du style de ses œuvres plus tôt dans sa carrière. Notre tableau au contraire suscite des sentiments forts, par son point de vue plus rapproché et ses effets de lumière et de couleur.
Ernst Friedrich Rietschel (1804-1861), était un sculpteur célèbre en son temps, qui s’est spécialisé dans les monuments d’illustres personnages allemands, historiques et contemporains. Dans sa collection, il avait de nombreux tableaux de Carus.