Intérieur de l’église Santa Maria delle Grazie Maggiore, Caponapoli, Naples 1619, 1619
Huile sur toile, H. 0.51 m ; L. 0.71 m
Inscriptions sur les chapiteaux : S COSM. S. DAM, daté 1619.
Provenance : Collection d’Urso, Rome.
Collection privée, France.
- Félix Sluys, Didier Barra et François de Nomé dits Monsù Desiderio, Paris, 1961, p. 65, no. 26 cité.
- Maria Rosaria Nappi, François de Nomé e Didier Barra, l’enigma Monsù Desiderio, Milan, 1991,
p.128, no. A 65 (ill.) - Musées de la Cour d’Or, cat. exp. Enigma Monsù Desiderio. Un fantastique architectural au XVIIe siècle, Metz, 2004, p.128-129 et p.142-143 (ill.).
Très longtemps ignoré, Monsù Desiderio a constitué pendant plus de trois siècles une énigme de l’histoire de l’art, jusqu’à sa mise en lumière par André Breton qui le considéra comme un maître de la peinture fantastique et un précurseur du surréalisme. Sous le nom générique Monsù Desiderio, littéralement Monsieur Didier, ont été longtemps regroupé deux peintres différents, tous deux lorrains et ayant travaillé à Naples au XVIIe siècle : François de Nomé et Didier Barra. Les découvertes des historiens et historiens de l’art ont permis de retrouver leur terre d’origine, Metz, qu’ils quittèrent pour s’installer à Naples et y exercer leur activité durant la première moitié du XVIIe siècle.
Les toiles de François de Nomé sont conservées en plus grand nombre et ce sont donc elles qui viennent d’abord à l’esprit lorsque l’on évoque Monsù Desiderio. Il était un peintre de caprices architecturaux et d’intérieurs d’églises, souvent imaginaires et plongés parfois dans un chaos cataclysmique, tremblements de terre ou incendies. Didier Barra, le « vrai » Monsù Desiderio, exécutait des vues panoramiques de villes, principalement de Naples, plus topographiques, réalistes et minutieusement documentées. La collaboration entre ces deux artistes reste à mettre en lumière. Didier Barra a-t-il repris, après la mort de François de Nomé, son atelier ? Toutefois, c’est dans une tradition d’atelier qu’ils composèrent une œuvre à plusieurs mains.
Inspirée d’une cathédrale de la Renaissance, cette église à trois nefs reprend de l’église napolitaine de Santa Maria delle Grazie à Caponapoli, les arcs en plein cintre soutenus par des piliers décorés de grotesques, de bas-reliefs représentant des candélabres, des dauphins, des mascarons, symboles de la passion du Christ, ou de la vie de la Vierge Marie. Ils ont été exécutés au XVIème siècle par des artistes inconnus, venant d’Italie du nord. Cette décoration, inspirée de la Renaissance italienne, a marqué le peintre qui la reproduit en d’autres occasions. De nombreux éléments, comme les archanges du registre supérieur et les petits groupes de fidèles inspirés de gravures nordiques, peut être même de Holbein – renvoient à la culture nordique du peintre. Les personnages, comme l’enfant qui joue avec le chien, montrent des poses plutôt conventionnelles et analogues à des sujets diffusés à Anvers, à la même époque par Henrik von Steenwijck le Vieux. Malgré les ressemblances apparentes, l’édifice représenté par de Nomé, contrairement à la tradition flamande, s’associe davantage à une scénographie théâtrale qu’à un véritable intérieur d’église. Le premier plan où sont placés les personnages, est un proscenium et la chapelle gothique à gauche et le grand autel décoré à droite font penser à un rideau de scène.