Jeune bédouin, étude pour le « Marché arabe dans la plaine de Tocria », vers 1865
Pierre noire et gouache blanche sur papier, H. 480 mm ; L. 300 mm
Signé du cachet en bas à droite : G. Guillaumet
Provenance : Collection privée, France
À la suite de Fromentin et de Léon Belly, Guillaumet a contribué fortement au renouveau de l’orientalisme au cours des années 1860-1880. Naturaliste par son souci de précision documentaire et des nuances de la lumière naturelle, sa peinture reste marquée par l’enseignement de l’École des Beaux-Arts. Guillaumet y suit les cours de François-Édouard Picot et Félix Barrias à partir de 1857. Lors du concours du Prix de Rome pour le paysage historique de 1861, il remporte le second prix et décide néanmoins de partir pour l’Italie. À Marseille, où la tempête le retient, le hasard veut qu’un bateau soit en partance pour Alger. Il embarque et tombe sous le charme de ce pays. Au cours de ce premier voyage, après 3 mois à l’hôpital de Biskra pour cause de paludisme, il amasse une ample moisson de dessins et d’études. En 1863, à vingt-trois ans, il présente au Salon Prière du soir dans le Sahara (Paris, musée d’Orsay) qui est achetée par l’État pour le musée du Luxembourg.
Les séjours en Algérie se succèdent. Entre 1862 et 1884, Guillaumet fait dix ou onze voyages, séjournant chaque fois plusieurs mois, parcourant le pays de part en part, vivant tantôt dans les villes, tantôt dans les ksour (villages fortifiés) kabyles ou sous les tentes des nomades. Il accompagne aussi, comme en 1864, les colonnes expéditionnaires françaises et se fait témoin des razzias et de la répression des insurrections. Son admiration pour les paysages et son empathie pour les populations se traduisent également par l’écriture. Inspiré par les œuvres de Fromentin, il rédige des textes sur ses expériences orientales qui paraissent dans la Nouvelle Revue à partir de 1879, avant d’être réunis en un volume illustré, Tableaux algériens, publié à titre posthume en 1888.
Guillaumet, qui avait dans un premier temps un atelier à Sèvres, s’installe définitivement à Paris en 1885. Il y vit avec Cécile Neinlist (1838-1929), qu’il a épousée en 1879 et dont il a un fils, Édouard, né en 1866. L’artiste expose régulièrement au Salon de 1861 à 1880. Il est d’emblée très bien traité par l’administration qui acquiert pour le Luxembourg et les musées de province un grand nombre de ses évocations de l’Algérie rurale et nomade. À partir de 1879, Guillaumet fait évoluer ses paysages panoramiques et ses scènes d’intérieur vers une sorte de sérénité extatique ou d’étrange résignation. À son décès prématuré, à l’âge de 47 ans, on salue unanimement son travail que l’on juge même supérieur à celui de son éminent prédécesseur, Fromentin. Une première exposition rétrospective lui est consacrée à l’École des Beaux-Arts de Paris en 18881. Certaines de ses œuvres sont conservées à Paris, au musée d’Orsay et au Louvre. En Algérie, quelques-unes sont présentes dans les collections publiques du musée national des Beaux-Arts d’Alger, du musée national Cirta de Constantine et du musée national Zabana d’Oran. Actuellement, une exposition monographique le met à l’honneur : L’Algérie de Gustave Guillaumet (1840-1887)2, présentée successivement au musée des Beaux-Arts de La Rochelle, à celui de Limoges et à La Piscine de Roubaix (9 mars – 2 juin 2019).
Au Salon de 1865, Guillaumet expose un tableau de grand format intitulé Marché arabe dans la plaine de Tocria (Lille, Palais des Beaux-Arts). Notre dessin est une des études préparatoires pour cette toile. Il représente un jeune bédouin portant une selle. Ce personnage se trouve au premier plan au centre de la composition. La position des mains du jeune homme, ainsi que plusieurs détails se trouvent modifiés dans l’œuvre achevée.
- Exposition des œuvres de G. Guillaumet : au profit d’un monument à élever à la mémoire de F. Bonvin, Paris, École Nationale des Beaux-Arts, du 7 au 31 janvier 1888. [↩]
- Marie Gautheron (dir.), L’Algérie de Gustave Guillaumet (1840-1887), cat. exp. 2018-2019 musée des Beaux-Arts de La Rochelle, musée des Beaux-Arts de Limoges et La Piscine de Roubaix, 2018. [↩]