La Plage à Trouville
Gustave Courbet (1819-1877)

La Plage à Trouville, Vers 1865.

Huile sur toile, H. 0.335 m ; L. 0.41 m

Signée en bas à gauche : G. COURBET.

Provenance : Collection privée, France.

A la fin de l’été 1865, Courbet séjourna à Trouville, village de pêcheurs sur la côte normande déjà devenu lieu de villégiature pour les vacanciers parisiens ou d’ailleurs. Les deux ou trois semaines prévues se transformèrent en près de trois mois tant Courbet apprécia là bas le beau temps, la bonne compagnie (Whistler et sa maitresse et modèle Jo Hiffernan en font partie) les bains de mer, la rencontre de nouveaux clients pour des portraits –et par-dessus tout l’achèvement d’oeuvres d’un genre nouveau dans sa peinture. Plus tard , dans une lettre adressée à son patron Alfred Bruyas, tôt l’année suivante, il expliqua qu’il a conscience de cette évolution en se évoquant des œuvres telles que des « paysages de mer…. vingt-cinq ciels d’automne, tous plus extraordinaires et libres l’un que l’autre. » (Petra Chu, Correspondance de Courbet, Paris 1966, p. 244.)

C’était des peintures de plein air , le sujet était la plage de Trouville vue non comme un décor pour groupe de personnages, vacanciers variés qui caractérise les peinture de Boudin ou autres, mais comme un lieu vide ou presque vide qui renforce les lignes de la composition sable, mer et ciel. Les bandes horizontales des deux premiers plans entrainent vers la grande masse du ciel aux couleurs et lumières changeantes. Ce sont les cieux qui indique le temps et le caractère de la lumière dans la peinture.

Courbet décrit ces œuvres dans la lettre à Bruyas avec un style peut être fanfaron comme il en avait l’habitude mais il y a du vrai aussi. Chacune des 17 œuvres « ciels d’automne » que j’ai vu ont la même structure géométrique, parfois proche de l’abstraction ce qui le distingue de ses contemporains mais aussi de ses premières peintures de la mer. Celles ci sont connues aujourd’hui pour avoir été peintes non à sa première visite chez Bruyas à Montpellier mais lors du second et dernier voyage au bord de la Méditérranée en 1858. Ces tableaux , certains d’une assez grande taille, sont composé différemment des peintures de 1865 à Trouville, son premier voyage sur la côte normande. Les « ciels d’automne » sont en effet différents de tout ce que le peintre avait fait sur ce sujet. Puis chacun a ses propres tons, sa palette , sa touche et son atmosphère.