La récolte des figues de barbarie, Egypte
Raoul Du Gardier (1871-1952)

La récolte des figues de barbarie, Egypte, Vers 1920.

Huile sur toile, H. 1.12 m ; L. 1.04 m

Signée en bas à gauche : R. du Gardier.

Provenance : Collection privée, France.

Né en 1871 dans une famille de diplomates, Raoul du Gardier connut dès son enfance deux passions qui se révèleront indissociables : la peinture et la mer. Il intègre ainsi l’École des Beaux-Arts de Paris où il suit l’enseignement dispensé par Théobald Chartran, Elie Delaunay, Albert Maignan et Gustave Moreau. Cependant, atteint de tuberculose, il doit se rendre dans des régions au climat plus clément, et séjourne ainsi régulièrement dans le domaine de vignobles que possède sa famille à Ameur el Aïn, en Algérie. A cette occasion, il se lie d’amitié avec l’artiste belge Henri Evenepoel, et ensembles ils visitent Chercher et Tipasa.

L’année 1900 voit sa nomination en tant que Sociétaire des Artistes Français, assortie de l’obtention d’une médaille de bronze lors de l’Exposition Universelle – celle qui vit, entre autres, la consécration de Joaquín Sorolla, un autre peintre de la lumière. Les années suivantes, il expose régulièrement au Salon des Artistes Français des oeuvres inspirées de ses séjours en Algérie ou des loisirs mondains des stations balnéaires, à l’image de la Femme en blanc sur la plage acquis par l’Etat en 1904 pour le musée du Luxembourg, aujourd’hui conservé au musée Petiet à Limoux.

Les années 20 constituent un tournant dans la carrière de l’artiste : il reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur en 1920, et rejoint régulièrement son frère Pierre consul général à Suez puis à l’Ile Maurice. Louqsor, Karnak, Suez, Madagascar, les Comores, l’île de la Réunion… Le choc de la découverte de ces contrées exotiques lui inspire des œuvres empreintes de poésie, véritables odes à la langueur et à la douceur de vivre orientale. Toute la virtuosité du plein air de du Gardier s’exprime dans ces scènes quotidiennes animées, prises sur le vif selon un cadrage bien particulier, à l’instar d’une photo, comme autant de témoignages d’une atmosphère chaleureuse et insouciante, à l’image de notre tableau aux couleurs vives et éclatantes.

Ses qualités d’observateur trouvent un écho dans les récits de voyage d’Égypte de Pierre Mille, publiés dans L’Illustration en 1926. Trois ans plus tard, il illustre également Les Grandes Croisières de Paul Chack. Ses peintures figurent aux expositions de la Société Coloniale des Artistes Français. Elles révèlent ses études sur les jeux de la lumière, ses transparences, sa pénétration dans les ombres, ses reflets sur l’eau. Cette lumière éclatante baigne l’ensemble de ses œuvres et exalte les couleurs si caractéristiques qu’il emploie.

Durant l’hiver 1929-1930, à la faveur de sa fonction de peintre officiel de la Marine à laquelle il a été nommé le 24 avril 1923, il embarque à bord du Général Duquesne pour un voyage de trois mois qui lui permet de visiter l’Orient et l’Océan Indien, révélation qui marquera son œuvre jusqu’à la fin de sa vie Son carnet de bord, où se mêlent impressions personnelles, aquarelles et croquis, lui permet d’exécuter dès son retour des toiles évocatrices de contrées lointaines propices au rêve : Beyrouth, Port-Saïd, Djibouti, Zanzibar, Dar-es-Salam, Mayotte, Nossi-bé, Tamatave, ou encore la Réunion.

Raoul du Gardier réalise également des œuvres aux thèmes élégants, souvenir d’une époque insouciante aux loisirs raffinés. C’est notamment dans cet esprit très « sport-chic » qu’il participe à la décoration du paquebot Normandie. Cette séduction du regard, cette élégance de la ligne et sa touche vibrante marquent également ses toiles inspirées de la quiétude de sa retraite familiale bretonne, où la mer tient plus que tout le premier rôle, et ce pour le plus grand plaisir des spectateurs…