La vision de Saint Jean du Christ et des sept chandeliers de l’Apocalypse, 1796
Huile sur toile, H. 1.32 m ; L. 1.01 m
Provenance : Commandé en 1796 pour la Sainte Bible de Thomas Macklin
Vente Macklin, Cox, Burrell and Foster, 5-10 mai 1800
J. Knowles, Life and Writings of Henry Füssli, 1931, Vol. I, p. 194.
Arnold Felderman, Johann Heinrich Füssli, 1927, p. 53.
G. Schiff, J.H. Füssli, Milton-Galerie, 1963, p. 16-18.
G. Schiff, Johann Heinrich Füssli, 1973, vol. I, p. 172-173, no. 931.
G. Schiff & P. Vitto, L’Opera Completa di Füssli, 1977, no. 95.
D. Weinglass, Collected English Letters, 1982, p. 138-9, 147, 148-9, 154, 160-1, 175, 176.
D. Weinglass, Prints and Engraved Illustrations by and after Henry Füssli, 1994, no. 41.
Füssli était un pasteur ordonné de l’Église zwinglienne – un choix de carrière imposé à lui par son père, formellement opposé à ce qu’il devienne un artiste. Beaucoup de ses dessins dans les années 1770 se sont inspirés de la Bible ; son tout premier tableau (redécouvert en 1975) représente Joseph et les Rêves de l’Échanson et du Boulanger (1768). Pourtant, les œuvres « scripturales » de Füssli ne constituent qu’une infime partie de ses quelque 2 300 productions, et le choix des sujets bibliques était souvent très peu conventionnel, particulièrement dans ses croquis, réalisés avant son départ pour Rome, pour la Bible de famille de Willoughby (Practical Family Bible, 1772), par exemple Les Fils d’Achab tués par les Dirigeants de Samarie et l’Indignation de Jonas. L’alternative proposée par Füssli à notre peinture (4 avril 1796) était « Le Pape crachant des Grenouilles », extrait de l’Apocalypse, 16:13.
Cette peinture a été exécutée en 1796 pour la Sainte Bible de Thomas Macklin, publiée en six volumes en 1800 avec des gravures à grande échelle de Bartolozzi, Fittler et Sharp, etc. d’après Kauffman, Northcote, Opie, De Loutherboug et d’autres.
Le sujet de Füssli, le Christ apparaissant à Saint-Jean, alors que celui-ci repose au sol dans une transe mystique, et ordonnant à l’évangéliste d’enregistrer cette vision et d’autres dans un livre et de l’envoyer aux sept églises d’Asie Mineure (Apocalypse, 1:12-17), est un thème inhabituel dans l’art post-Renaissance, bien que Benjamin West ait également exécuté en 1797 pour Fonthill une esquisse du même thème. Füssli reste fidèle au texte dans sa façon de dépeindre la scène : le visage non-traditionnel sans barbe d’un « semblable au Fils de l’homme », se dresse majestueusement au milieu des sept chandeliers (v.13) qui, comme les sept étoiles qu’il tient dans sa main droite, représentent les églises asiatiques (v.16) ; il porte « un vêtement qui descend jusqu’au pied » avec une « ceinture dorée » sous sa poitrine (v.13). Sa tête avec ses « cheveux blancs comme la neige » (v.14) est entourée d’une auréole de lumière, resplendissante comme « le soleil qui brille dans sa force », et une « épée aiguisée à double-tranchant » sort de sa bouche (v. 16).
Presque sans la moindre modification, la composition de notre peinture est dérivée d’une eau-forte illustrant la Romae animale exemplum de Johann Rudolf Wirz (1677). Mais cela ne tient pas compte des similitudes plus étroites entre la composition de Füssli et la gravure sur bois plus expressive de Hans Burgkmair sur le même sujet (1523), qui était également le point de départ de Wirz. Une autre source pertinente avec laquelle l’artiste s’était sans aucun doute familiarisé, elle aussi inspirée du prototype de Burgkmair, était la gravure sur bois dans la Bible de Tobias Stimmer.