Le Pont des Saints Pères, Paris 1870
Henri-Joseph Harpignies (1819-1916)

Le Pont des Saints Pères, Paris 1870, 1870

Huile sur toile, H. 1.82 m ; L. 0.89 m

Signée et datée en bas à gauche : H Harpignies 1870.

Provenance : Paris, Hôtel Drouot, vente anonyme, 20 Janvier 1908.
Arnold et Tripp, Paris.
Paris, Hôtel Drouot, vente Tripp, 9 Fevrier 1934, lot 58.
Collection Marlière, Valenciennes.

La longue vie d’Henri-Joseph Harpignies recouvre beaucoup de mouvements majeurs dans la peinture du XIXème siècle. Lorsqu’il démarre sa carrière, l’École de Barbizon s’installe et s’organise, modifie la traditionnelle idée de la peinture de paysage et revendique sa propre identité dans l’histoire de l’art. Plus tard, Harpignies verra apparaître le mouvement Réaliste, la naissance de l’Impressionnisme et du Post Impressionnisme. Bien qu’il ait été profondément intéressé par ces mouvements, il se laisse peu influencer, l’analyse de son travail montre qu’il est resté insensible aux influences artistiques de la première moitié du dix-neuvième siècle. En cela on peut le rapprocher de son ami et mentor Jean-Baptiste-Camille Corot. Son amour pour Rome et ses environs, son affection pour la tradition de paysage classique ont dominé toute son œuvre.

Il étudie à Paris avec Jean Archard (1807-84). Il visite Rome pour la première fois en 1850 et s’installe à la villa Médicis où il passe deux ans se consacrant principalement aux paysages de la campagne romaine. Il peint aussi des vues de villes et au cours d’un voyage à Naples plusieurs vues du Vésuve. Installé six mois à Capri, son travail sur les paysages de l’île sera déterminant, sa Vue de Capri, au Salon de Paris en 1853, marquera le début de son succès.

Une deuxième visite en Italie en 1863-65 lui offre l’opportunité d’une étude approfondie des paysages de Corot. En 1866, sa première œuvre majeure, Soir dans la campagne romaine, lui apporte une reconnaissance officielle et établit sa réputation. Le tableau est maintenant dans les collections du Louvre. Dès lors, Harpignies reçoit beaucoup honneurs et de nombreuses oeuvres sont acquises par les collections publiques. Après ses études en Italie, à son retour en France, son art atteint sa pleine maturité d’expression, la couleur est riche et hardie, marquant sa période la meilleure. Il passe beaucoup de temps en Bourgogne ? dans l’Yonne près du canal du Nivernais, et s’y installe définitivement en 1878.

Cette vue de l’ancien Pont des Saints-Pères, à structure de fonte et de bois, remplacé en 1935 par le pont du Carrousel, a été exécutée peu avant la guerre Franco-prussienne en 1870. La composition du tableau est très organisée, structurée ; l’effet est créé par les arbres entourant la perspective, l’œil est conduit de l’ombre des arbres vers la lumière du pont brillant au soleil au centre du tableau. Au dessus du pont, on aperçoit la silhouette du dôme de l’Institut. L’éxubérance de la réalisation donne toute sa spontanéité à l’oeuvre.