Le torrent
Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)

Le torrent, Vers 1763-1765.

Huile sur papier marouflé sur toile., H. 0.27 m ; L. 0.37 m

Provenance : Collection privée américaine dès 1933 Vente Parke Bernet, New York, le 28 janvier 1953, n° 34 Sotheby’s Parke Bernet, New York, le 11 juin 1981, n° 37 Galerie Lida, Tokyo, 1988, n° 24 Collection privée.

Bibliographie :
  • Baron de Portalis, Jean Honoré Fragonard, sa vie, son œuvre, Paris, 1889, p. 290.
  • P. de Nolhac, J.H. Fragonard, Paris, 1906, p.136 .
  • L. Réau, Fragonard, sa vie, son œuvre, Bruxelles, 1956, p. 185 .
  • J.P Cuzin, Jean-Honoré Fragonard, vie et œuvre, Fribourg, 1987, p. 280, n° 113.
  • P. Rosenberg, Tout l’œuvre peint de Fragonard, Paris, 1989, p. 86, n° 134 (ill.).

Fragonard est l’élève de Jean Siméon Chardin puis de François Boucher, avant de recevoir le Prix de Rome en 1752. Il devient pensionnaire à l’École royale des élèves protégés les années suivantes, puis à l’Académie de France à Rome à partir de 1756. A Rome, Fragonard subit l’influence d’Hubert Robert avec lequel il travaille beaucoup, et commence à se consacrer au dessin de paysages, encouragé par son premier mécène, l’abbé de Saint-Non. Une visite à la villa d’Este à Tivoli durant l’été 1760 eut un effet décisif sur son évolution artistique.

Lors de son retour à Paris en 1761, Fragonard entreprit une série de paysages dans le goût des peintures hollandaises du XVIIe siècle, témoignant de l’impact direct de cet art sur l’esthétique d’alors, et dont Le torrent constitue une magnifique illustration. L’admiration de Fragonard pour Jacob van Ruisdaël, dont l’influence est ici évidente, a déjà été mise en lumière. C’est ainsi que Fragonard use d’un artifice équivalent, à savoir l’effet produit par les nuages denses et parfois menaçants, qui font écho au terrain accidenté et aux silhouettes des arbres. L’artiste y adjoint des figures champêtres, souvent parées de rouge vif, ainsi que des animaux. Aussi, loin des imitations serviles, Fragonard réinterprète le style de ses prédécesseurs selon la sensibilité du dix-huitième siècle dont il est le chantre incontournable.

Le probable voyage hollandais de Fragonard est encore au centre de tous les débats. Cependant, il ne lui était pas nécessaire de se rendre aux Pays-Bas pour y puiser son inspiration. Les collectionneurs français de la seconde moitié du XVIIIe éprouvaient en effet une attirance particulière pour les paysages hollandais du XVIIe, et Fragonard put avoir l’occasion d’admirer quelques uns des chefs-d’œuvre de cet art qui se trouvaient en leur possession.