L'éruption du Vésuve vue de l'Atrio del Cavallo
Pierre-Jacques Volaire (1729-1799)

L’éruption du Vésuve vue de l’Atrio del Cavallo, Vers 1780.

Huile sur toile, H. 0.38 m ; L. 0.81 m

Provenance : Collection privée, France.

Pierre-Jacques Volaire, né en 1729 à Toulon dans une famille d’artistes (son père, Jacques, était peintre officiel de la ville), a été pendant sept ans, de 1754 à 1762 l’assistant de Joseph Vernet pour sa série des Ports de France. Il s’installe ensuite en Italie, à Rome en 1764, puis à Naples en 1767. Il s’y émancipe du maître et s’affirme – devant Hackert, Fabris et Wütky – comme le spécialiste incontesté des représentations du Vésuve en éruption. Il invente un genre de paysage qui n’est déjà plus celui de Vernet, n’est pas non plus néo-classique, mais qui peut se qualifier de pittoresque par le drame et la couleur qui le caractérisent, préfigurant ainsi les paysages romantiques. Le sujet, l’éruption du volcan, convenait au goût de cette fin du XVIIIe siècle pour les catastrophes naturelles et les grands bouleversements du monde, il était alors particulièrement à la mode auprès des voyageurs du « Grand Tour » et qui ne manquaient pas, lors de leur passage à Naples, de faire l’ascension du volcan, alors en pleine activité, et d’en rapporter une image-souvenir.

Volaire représente le Vésuve selon trois formules que le client choisit en fonction de son budget, de son goût, de son expérience du volcan (s’il en a gravi ou non les pentes), ou encore de l’éruption à laquelle il a assisté : vue depuis la rive du golfe de Naples, vue depuis la sortie orientale de la ville, avec le pont de la Madeleine, ou enfin comme ici depuis l’Atrio del Cavallo (cf. E. Beck Saiello, Le chevalier Volaire, un peintre français à Naples au XVIIIe siècle, Naples, Centre Jean Bérard, 2004). Cette dernière représentation, de loin la plus spectaculaire opposant les laves incandescentes aux fragiles figures du premier plan, permet de faire jouer les contrastes chromatiques et lumineux. On peut dater le tableau de la dernière période de l’artiste, au milieu des années 1780, lorsque lassé de répéter le même sujet, le peintre nuance sa palette, affine ses éclairages, ose des techniques nouvelles. Ici, le ciel gris violacé éclairé par la lune est rendu avec une matière fluide et selon une technique guillochée assez audacieuse qui laisse entrevoir par endroits la préparation ocre.