Nature morte aux brochets et à la brème, vers 1870
Huile sur toile, H. 0.52 m ; L. 0.35 m
Provenance : Collection privée
Issu d’une famille d’origine italienne fixée à Marseille, Monticelli débute sa formation artistique à l’école des beaux-arts de cette ville. En 1847-1848, lors de son séjour à Paris dans l’atelier de Paul Delaroche, il s’émerveille au Louvre devant les œuvres de Rembrandt, Véronèse et Watteau. De retour à Paris en 1856, il est apprécié de Delacroix et reçoit la commande d’une décoration pour les Tuileries. Monticelli retient l’attention par l’audace de sa technique picturale : il superpose en effet des touches d’une pâte généreuse, dissolvant la forme dans un jaillissement de couleurs pures. Il retourne définitivement à Marseille en 1870, où il continue sa production des portraits dont les visages sont maçonnés dans un lumineux empâtement, des natures mortes et des bouquets aux couleurs éblouissantes, et des paysages saturés de soleil.
Vincent van Gogh – bien qu’il n’ait jamais rencontré Monticelli – s’est inspiré de sa technique. À Arles, il écrit à son frère Théo en mars 1888 : « Monticelli prenait quelquefois un bouquet de fleurs pour motif de rassembler sur un seul panneau toute la gamme de ses tons les plus riches et les mieux équilibrés ».
Artiste d’exception, Monticelli joue un rôle complexe, préfigurant à la fois l’Impressionnisme par l’analyse du coloris et la vibration de la touche, le Symbolisme par la rareté ésotérique de l’émotion et Van Gogh et le Fauvisme par la hardiesse des tons et le goût des empâtements.