Pêches et prunes, 1904
Huile sur toile, H. 0.18 m ; L. 0.25 m
Provenance : Gustave Tempelaere, Paris
Jules Allard, Paris
Kunsthandel J. J. Biesing, La Haye, mars 1905
Collection privée
Victoria Fantin-Latour, Catalogue de l’œuvre complet (1849-1904) de Fantin-Latour, Paris, 1911, p. 218, n°2058.
Notre tableau sera inclus dans le Catalogue raisonné des peintures et pastels de Henri Fantin-Latour en préparation par Brame & Lorenceau.
Fils d’un portraitiste et pastelliste, Henri Fantin-Latour étudia d’abord avec son père, puis à partir de 1850, avec Horace Lecoq de Boisbaudran (1802-1897). Il resta avec Lecoq pendant environ six ans, période durant laquelle il fut brièvement – et sans succès étudiant à l’Ecole des Beaux-Arts. Il compléta sa formation classique en copiant les grands maîtres au Louvre, pratique qu’il commença en 1853 et allait poursuivre pendant vingt ans. Fantin-Latour présenta des œuvres au Salon pour la première fois en 1859. Elles furent refusées, mais deux des trois tableaux soumis furent exposés la même année dans l’atelier de Bonvin (cat. n° 8-10) aux côtés d’œuvres de Ribot (cat. n ° 52-60), Vollon (cat. n° 70, 71) et Whistler (1834-1903). Sur l’invitation de ce dernier, Fantin-Latour se rendit en Angleterre en 1859. Ce voyage et les suivants (1861, 1864 et 1881) furent déterminants pour sa carrière. Grâce aux relations qu’il s’était fait là-bas, et particulièrement à son association avec Edwin et Ruth Edwards, il trouva un débouché sur le marché anglais qui lui permettrait, pendant la majeure partie de son existence, de vivre de la vente de ses natures mortes. Si les œuvres envoyées aux Salons par Fantin-Latour étaient le plus souvent des portraits, celui-ci accordait aussi une grande place à ce qu’il appelait ses projets d’imagination, dont les plus importants s’inspiraient de la musique de Brahms, Schumann, Berlioz et Wagner.
Toutefois, grâce à la lithographie, que l’artiste commença à pratiquer au début des années 1860, ces compositions imaginaires trouvèrent une voie d’expression privilégiée. Les lithographies furent exposées régulièrement au Salon à partir de 1877 et, vers la fin du siècle, l’artiste était considéré comme le plus grand maître de la lithographie en France. L’enthousiasme juvénile de Fantin-Latour pour l’œuvre de Corot, Millet et Delacroix ne diminua jamais, contrairement à l’intérêt qu’il portait à l’œuvre de ses contemporains immédiats. Fantin-Latour fit la connaissance de Courbet (1819-1877) en 1859 et fréquenta les cours qu’il donnait en 1861. Mais son admiration pour lui ne dura pas et, dès 1865, désenchanté du monde qui l’entourait, il se mit à fuir la compagnie de ses contemporains pour développer un style propre en ce qu’il n’était inféodé à aucun principe ni à aucune école. Ainsi, même dans les premières œuvres de Fantin-Latour, sous le Second Empire, il est extrêmement difficile de discerner les influences qui se sont exercées sur sa manière de peindre et les éléments les plus caractéristiques de son pinceau ressortent de son assimilation des maîtres anciens et d’une observation aiguë de la nature. Comme il le disait en 1866 à son ami et mécène Edwin Edwards : « Je crois même que le temps est passé des écoles et des mouvements artistiques. Après le mouvement romantique, né de l’exagération classique, après le mouvement réaliste, issu des folies du romantisme, on s’aperçoit que dans toutes ces idées il y a de grandes bêtises. Nous allons arriver à la façon personnelle de sentir » (Jullien, 1909, p. 23). C’est ainsi par la subtilité de l’orchestration chromatique et le lyrisme des compositions que son œuvre attachant se distingue.