Pont et aqueduc en ruine à Saint Cosimato, 1807
Huile sur papier marouflé sur toile., H. 0.38 m ; L. 0.47 m
Porte une inscription au dos : Pont et aqueduc en ruine à Saint Cosimato. / donné à François Bègue le 5 avril 1860, Comtesse de Turpin.
Provenance : Demeuré dans la famille de l’artiste jusqu’à sa mort Don de la veuve de l’artiste à François Bègue en 1860.
Collection privée, France.
Lancelot Théodore Turpin de Crissé descend d’une grande famille angevine. Son père, militaire, amateur d’art et peintre, expose au Salon de 1787. A la Révolution, il émigre en Angleterre puis en Amérique où il meurt. Sa famille restée en France traverse ces années dans une grande indigence, leurs biens ayant été confisqués. Au début du siècle, Turpin de Crissé voyage en Suisse avec son protecteur le comte de Choiseul-Gouffier. Il y effectue ses premières études d’après nature. A son retour, il expose pour la première fois au Salon en 1806 et y reçoit une médaille d’or comme peintre de paysage. Le comte lui permet d’effectuer un voyage d’étude en Italie en 1807 et 1808, étape incontournable dans la formation des artistes des XVIIIe et XIXe siècles.
De retour en France il est très bien accueilli par la cour de Napoléon et devient Chambellan de l’Impératrice Joséphine de 1809 jusqu’à sa mort en 1814. A la Restauration, il bénéficie de la plus haute estime des Bourbons et de Charles X en particulier. Il est nommé membre de l’Académie royale des Beaux-Arts en 1816 et Inspecteur général des Arts en 1824. Très attaché aux Bourbons, il démissionne de toutes ses fonctions officielles en 1830 et se consacre à la peinture et à sa collection de tableaux, dessins, médailles et d’antiquités qu’il léguera à sa mort à la ville d’Angers. Il effectue plusieurs voyages en Italie et y puise les sujets, l’inspiration, la substance même, d’une grande partie de son œuvre, et ce jusqu’à ses dernières années. Il expose au Salon pour la dernière fois en 1835.
Notre tableau représente les ruines de l’aqueduc claudien près de Vicovaro dans la campagne romaine surplombée en haut à gauche par le couvent de San Cosimato. Le peintre anglais Joseph Wright of Derby a représenté la même vue dans un tableau de la toute fin du XVIIIe siècle conservé dans une collection privée. Un dessin de Bidault déposé à l’Institut daté de 1789 reprend la même point de vue. Turpin de Crissé a dessiné ce site au cours de son premier voyage en Italie ainsi que le suggère Caroline Chaine. Il est conservé au cabinet des dessins du musée du Louvre (MI 658) et reproduit dans l’ouvrage Turpin de Crissé, Paris 2006, n°85. Il aura probablement effectué le tableau à son retour en France.
Nous remercions Madame Caroline Chaine de la rédaction d’une notice sur ce tableau qui sera inclus dans son futur catalogue raisonné de l’œuvre de Turpin de Crissé.