Renaud et Armide, 1766
Huile sur toile, H. 0.60 m ; L. 0.70 m
Signée et datée en bas à droite : L. Lagrenée / 1766.
Provenance : Commandé en 1766 par ‘Monsieur de Saint-Marc’, avec un pendant, Persée et Andromède (Sandoz 1983, no. 169, localisation inconnue), pour la somme de 600 livres par tableau. Sur le verso de la toile originale, non rentoilée, figure l’inscription S.M.
Collection privée, France.
- Denis Diderot, Salon de 1767, éd. J. Seznec et J. Adhémar, vol. III, 1983, p. 22.
- Marc Sandoz, Les Lagrenée I. Louis (Jean François) Lagrenée 1725-1805, Paris, 1983, p. 364, no. 170.
- Camille Laurens, Les Fiancées du Diable. Enquête sur les femmes terrifiantes, Paris, 2011, p. 40-41 (ill.).
Elève de Carle Van Loo, Lagrenée obtient le prix de Rome en 1749. Il passe quatre ans en Italie, où il copie les grands maîtres et s’attache à développer sa technique. De retour à Paris en 1753, il compose pour son morceau de réception à l’Académie Déjanire enlevée par le Centaure Nessus (Paris, musée du Louvre), qui remporte un grand succès. A partir de 1755, il participe régulièrement au Salon. En 1760, il est invité par l’impératrice Elisabeth à venir à Saint-Pétersbourg où il est nommé directeur de l’Académie des Beaux-Arts. Il part en Russie en compagnie de son frère et élève Jean Jacques, dit le Jeune, mais suite à la mort de l’impératrice en 1762, ils reviennent en France. De retour à Paris, il devient professeur à l’Académie et, entre 1781 et 1787, il a le poste de directeur de l’Académie de France à Rome.
Peintre appliqué et consciencieux, Lagrenée a créé en quantité des scènes antiques et mythologiques, des tableaux religieux et des scènes historiques. Son coloris est claire et agréable, et sa composition habile mais sans rigueur. Plus traditionaliste que novateur, Lagrenée est l’excellent artisan d’un genre, la peinture mythologique aimable, qui assura à la France un grand rayonnement dans l’Europe de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Ce tableau est inspiré du célèbre poème de la Jérusalem délivrée du Tasse, dont la première édition complète en italien date de 1581. Son sujet est tiré de l’histoire : il s’agit de la première croisade menée par Godefroi de Bouillon, qui aboutit à la conquête de Jérusalem en 1099. Dans cette épopée guerrière, le thème amoureux et le merveilleux se côtoient avec les grandes actions. Renaud, l’un des principaux chevaliers chrétiens, est détourné de la conquête de Jérusalem par la magicienne Armide. Lagrenée représente Renaud, chevalier désarmé, aux pieds de la séduisante Armide, dans une composition pyramidale, en présence d’Amours qui s’apprêtent à installer un miroir magique, dans lequel les amoureux vont se contempler.