Gustave Boulanger, Repas d'été à la maison de Lucullus
Gustave Boulanger (1824-1888)

Repas d’été à la maison de Lucullus, 1877

Huile sur toile, H. 1 m ; L. 1.45 m

Signée et datée en bas à droite : G. Boulanger 1877

Provenance : Richard Green, Londres
Collection privée

Bibliographie :

Théodore Véron, Dictionnaire Véron ou Mémorial de l’Art et des artistes de mon temps : Le Salon de 1878 et l’Exposition Universelle, Paris et Poitiers, 1878, t. I, p. 86-87.

Charles C. Perkins & John Denison Champlin Jnr, Cyclopedia of painters and paintings, vol. 1, New York, 1888, p. 190 (Repast in House of Lucullus, daté 1878).

Marie-Madeleine Aubrun, « Gustave Boulanger, peintre ‘éclectique’ », BSHAF, année 1986, Paris, 1988, p. 204 et 207, no. 132 (comme localisation actuelle inconnue).

Admis en 1846 à l’École des beaux-arts dans l’atelier de Paul Delaroche, Boulanger sait mettre en scène la folie antique du Second Empire comme nul autre peintre. Il est l’un des meilleurs représentants de l’art néo-grecque et rencontre un grand succès avec ses reconstitutions historiques et archéologiques.

Gustave Boulanger (1824-1888) rencontre ses amis néo-grecs Henri-Pierre Picou, Jean-Louis Hamon et surtout Jean-Léon Gérôme dans l’atelier de Delaroche. Liés par une amitié solide, ils vivent un temps tous les quatre rue Notre-Dame-des-Champs. Après avoir remporté le prix de Rome en 1848, Boulanger passe six années à Rome où il se passionne pour la recherche archéologique. Pour lui, l’Antiquité gréco-romaine n’est plus à voir comme l’école sévère de la vertu néoclassique ; elle constitue un répertoire inépuisable de formes et de couleurs. Il en traite les thèmes avec une grande fantaisie décorative, tout en multipliant les détails archéologiques. Son style est marqué par un goût pour le clinquant et par un coloris vif, d’un éclat presque métallique.

Repas d’été à la maison de Lucullus

Notre tableau met en scène un dîner chez le richissime Lucius Licinius Lucullus, homme d’État et général romain, né vers 117 av. J.-C., mort vers 57 av. J.-C. Après avoir mené des guerres victorieuses en Orient, il se retira de la vie publique et se rendit célèbre par le faste de son train de vie et de sa table. Son nom resta aussi attaché à ses magnifiques jardins à Rome, sur lesquels se tient aujourd’hui la villa Médicis. Plutarque rapporta avec désapprobation ce luxe et raconta que, fâché contre son cuisinier de n’avoir préparé qu’un repas simple un soir où il n’y avait pas d’invités, il lui avait déclaré cette célèbre phrase : « Ce soir, Lucullus dîne chez Lucullus ».(1)

Le triclinium

Les convives sont placés sur un triclinium d’été. Le triclinium désigne à la fois le lit sur lequel les Romains, à demi-couchés, prennent leurs repas et, par extension, la salle à manger. Trois banquettes inclinées, accueillant chacune trois personnes, disposées en forme de U ; le quatrième côté est laissé libre pour le service. Lucullus installait ses hôtes sur des couches recouvertes de pourpre et mettait des coupes serties de pierres précieuses à leur disposition.  Les plats étaient raffinés et variés, les services étaient séparés par des intermèdes musicaux(2) et une foule d’esclaves était mobilisée pour satisfaire les convives.

Éloges au Salon

Exposé au Salon de 1878, notre tableau reçoit, sans réserve, les éloges du peintre et poète Théodore Véron : « Sur un triclinium d’été, Lucullus est assis nonchalamment avec Horace et les beaux esprits de l’époque ; ses convives voient danser une jeune romaine, pendant que des tibicens jouent de la flûte et qu’un enfant les accompagne avec un tambour. La mise en scène de cette fête chez le plus riche patricien du règne d’Auguste est des plus splendides. L’architecture est superbe ; le velum tendu au-dessus des convives, les colonnes, les costumes et les accessoires, tout s’agence comme les divers groupes, avec le goût antique familier à G. Boulanger dont la maîtrise dans le style gréco-romain est depuis longtemps constatée ici, à côté de celle de notre vieil ami Gérôme. »(3)

  1. Plutarque, Vie de Lucullus, LVI-LVII.[]
  2. Yann Le Bohec, Lucullus : Général et gastronome, Paris, Éditions Tallandier, 2019, note 126.[]
  3. Théodore Véron, Dictionnaire Véron ou Mémorial de l’Art et des artistes de mon temps : Le Salon de 1878 et l’Exposition Universelle, Paris et Poitiers, 1878, t. I, p. 86-87.[]
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