Saint Valéry sur Somme. L'embouchure de la Somme
Eugène Boudin (1824-1898)

Saint Valéry sur Somme. L’embouchure de la Somme, 1891

Huile sur toile, H. 0.40 m ; L. 0.55 m

Signée, annotée et datée en bas à gauche : St Valéry / E. Boudin. 91.
Plusieurs numéros manuscrits inscrits sur le châssis.

Provenance : Collection Mac Arthur, Londres Collection Gooden & Fox, Londres Collection Hazlitt, Londres Collection privée, Paris

Bibliographie :

R. Schmit, Eugène Boudin, 1824-1898, catalogue raisonné de l’œuvre peint, Paris, 1973, t. III, no. 2816

Boudin est né en Normandie au sein d’une famille dont la vie est centrée sur la mer. En 1844, il ouvre une papeterie qui devient un centre local pour artistes. Il rencontre d’autres artistes tel Constant Troyon, Thomas Couture et Eugène Isabey qui l’encouragent à poursuivre ses propres explorations artistiques.

La ville du Havre lui accorde en 1851 une bourse d’étude de trois ans afin de lui permettre d’étudier à Paris, mais il passe plus de temps en dehors à voyager entre Rouen, Le Havre, Honfleur et Caen, afin d’être au contact direct avec la nature compte tenu de son grand attrait pour la peinture de plein air. Pour lui, trois coups de pinceau en pleine nature valent bien mieux que deux jours de travail en atelier. En 1859, Boudin débute au Salon avec le Pardon de Sainte Anne Palud. Il voyage dans les stations à la mode de Trouville et Deauville, où il réalise plusieurs dessins et peintures de scènes de plage, se concentrant sur les changements de ciel et les effets sur le temps. A la fin des années 1860, il se consacre aux études de ciel et de bateaux.

Il continue à exposer au Salon depuis ses débuts en 1859 et commence également à exposer dans des villes de province. En 1874, il expose au Salon et à l’exposition avant-gardiste chez Nadar. C’est la seule exposition impressionniste à laquelle Boudin participe, mais c’est une étape charnière qui montre bien les liens entre les tendances passées et futures des artistes français, Boudin agissant comme un lien essentiel entre ces deux courants. 1881 marque le début d’un intérêt officiel pour Boudin notamment dans sa relation permanente avec Durand-Ruel qui devient son mécène. Il exposera toujours au Salon jusqu’à sa mort en 1898.

De nombreuses œuvres de Boudin sont au Musée Eugène Boudin à Honfleur ainsi qu’au Musée d’Orsay, au Louvre à Paris et dans de nombreux musées de province en France. Ses œuvres sont également visibles dans plusieurs collections américaines dont le Metropolitan Museum of Art.

Dans notre tableau Boudin s’attache à rendre à la lumière du ciel, son atmosphère nuageuse et mobile, fluide et changeante. Fidèle au surnom de « roi des ciels » que lui a décerné Corot, Boudin réserve la plus grande place au ciel et aux nuages. L’artiste a d’ailleurs l’habitude d’étudier longuement ces éléments au pastel et il en parle dans ses carnets :

« Nager dans le ciel; arriver aux « tendresses » du nuage. Suspendre ces masses au fond, bien lointaines dans la brume grise… ».

Une eau à peine ridée par la brise marine réfléchit la mouvance du ciel. Les reflets fugaces et flottants sont suggérés à l’aide d’une touche légère en une harmonie nuancée de tons gris.