Jean-Baptiste Deshays, Troupeau près d’une cascade
Jean-Baptiste Deshays (1729-1765)

Troupeau près d’une cascade, 1763-1765

Huile sur papier marouflé sur panneau, H. 0.34 m ; L. 0.25 m

Porte une inscription en bas à gauche : F Boucher

Provenance : Vente des tableaux composant la collection de M. F. de Villars, Paris, hôtel Drouot, 13 mars 1868, C.P. Charles Pillet, expert Haro, n° 8 (comme Boucher, Passage du ruisseau)
Vente Paris, hôtel Drouot, 15 juin 1979, C.P. Audap-Godeau-Solanet, expert Louis Ryaux, sans n° (attribués à Jean-Baptiste Deshayes, Bergers et leur troupeau)
Collection privée

Bibliographie :

Marc Sandoz, Les Lagrenée, Paris, 1977, t. II, p. 19 (œuvres incertaines), reproduit.

André Bancel, Jean Baptiste Deshayes (1729 – 1765), Paris, 2008, p. 169, P.146 (Jeune bergère parmi son troupeau, appuyée sur une vache), reproduit (localisation inconnue).

Né à Rouen comme fils d’un peintre, Jean-Baptiste Deshays partit pour Paris à l’adolescence et se forma d’abord dans l’atelier de Jean Restout, qui prolongeait le style de Jean Jouvenet. Vers 1750, il devint l’élève de François Boucher, dont il épousa la fille aînée quelques années plus tard. Deshays franchit à grands pas toutes les étapes de la carrière académique : Premier prix à vingt-deux ans, agréé à l’Académie royale à vingt-huit, reçu puis adjoint à professeur à vingt-neuf. Dès lors, chacun de ses envois au salon fut salué par la critique et par les amateurs.

Deshays fut avant tout un grand peintre religieux et c’est en ce domaine qu’il nourrit les rêves de réforme de ceux que lassait une peinture jugée libertine. Cependant, il ne se limita pas à la peinture religieuse. Succédant à Boucher, il fournit à la manufacture de Beauvais des modèles de tapisseries, grandes machines mythologiques ou sujets champêtres. Comme Boucher, Deshays fit de nombreuses « caravanes », genre très apprécié alors, inspiré du peintre génois Benedetto Castiglione. Ses esquisses, animées d’un beau « feu », furent également très prisées. Un accident mit fin à sa brillante carrière : Deshays tomba d’un échafaudage, et mourut peu après, à l’âge de trente-cinq ans.

Notre esquisse à l’huile est un des tableaux d’une paire datée par André Bancel vers 1763-1765 (1), l’apogée de la carrière artistique de Deshays. Par sa thématique notre esquisse est à rapprocher de ses « caravanes ». Notre tableau montre une jeune bergère accompagnée d’un enfant qui fait boire son troupeau, tandis qu’à l’arrière-plan, au pied d’une cascade, une femme montée sur un âne, écoute un garçon qui lui indique son chemin.

Peint dans une grisaille aux tons chauds, notre tableau se distingue par une texture riche et voluptueuse, une élégance dans la vibration des matières et la souplesse du pinceau. À la différence de Boucher, chez Deshays la vigueur et le « feu » l’emportent sur l’élégance. Les volumes sont bien maîtrisés, la masse du corps de la vache derrière la jeune bergère est aisément perceptible. Le jeu des obliques, le travail des postures difficile à démêler, contribue à l’effet dynamique de cette œuvre.

  1. André Bancel, Jean Baptiste Deshayes (1729 – 1765), Paris, 2008, p. 169, P.145 (Paysanne en route sur un âne, avec ses jeunes enfants) et notre tableau P.146 (Jeune bergère parmi son troupeau, appuyée sur une vache).[]
PDF