Antoine-Jean Baron Gros, Étalon, vers 1810. Antoine-Jean Baron Gros, Étalon, vers 1810.

Huile sur toile, H. 0.57 m ; L. 0.59 m

Provenance : Collection privée

Bibliographie :

ŒUVRES EN RAPPORT :

Antoine Jean Gros, Bataille des Pyramides. 21 juillet 1798, 1810, huile sur toile, H. 3,89 m ; L. 5,11 m, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Talent précoce et élève de David dès l’âge de quinze ans, Antoine Jean Gros (1771-1835) n’obtient toutefois pas le grand prix. Il part à ses frais et passe plusieurs années en Italie du Nord, à Gênes notamment, où il étudie l’art de Rubens. En 1796, il rencontre la future impératrice Joséphine qui le fait venir à Milan pour le présenter à Bonaparte. Gros obtient alors un emploi dans les armées et se familiarise ainsi avec la vie militaire. De retour à Paris, il se spécialise dans la représentation réaliste des épisodes militaires les plus glorieux du Consulat et de l’Empire. Gros a su innover dans le rendu des mouvements et l’effet des coloris, et a su développer ainsi une peinture d’histoire résolument moderne.

Un peintre de batailles doit nécessairement avoir un talent et un intérêt particuliers pour les représentations des chevaux, dont il s’agit de rendre l’impétuosité et la vigueur. Sans nourrir une passion aussi exclusive pour les chevaux comme le fera son futur élève Géricault, Gros est en effet fortement attiré par le dessin de chevaux dès sa jeunesse [1]. Ses premiers dessins de chevaux révèlent tant d’habileté qu’il faut supposer une pratique assidue.

Notre tableau est une étude vivace d’un étalon arabe, montrant un profil concave et une encolure arquée. La vigueur de ce cheval, le traitement de la lumière en petites touches sur la selle arabe et ses parties métalliques, le mouvement de la queue du cheval sont très proches de Gros. On peut le mettre en relation avec la Bataille des Pyramides,[2] peinte pour la salle de l’Empereur au Luxembourg et exposée au Salon de 1810. Gros en reçoit la commande le 16 août 1809,[3] et peint un tableau de format vertical, qui ne sera agrandi de bandes latérales que sous Louis Philippe. Il est possible que Gros se sert de notre étude pour peindre le cheval à robe sombre de Joachim Murat, au centre à gauche de la composition.

Gros conserva dans son atelier plusieurs études de chevaux, rangées parmi des œuvres de jeunesse et des esquisses qu’il appréciait particulièrement. Ainsi, dans son inventaire après décès publié par Valérie Bajou, on trouve plusieurs mentions : no. 661 : « Cheval de Mamelouk, prisé cent francs », et no. 663 : « Deux études de Chevaux arabes, prisés cent francs »[4]. Quelques études de chevaux de Gros apparaissent également dans la vente après-décès de son élève Auguste Debay (1804-1865)[5] qui, selon le souhait de l’artiste, termina l’agrandissement de la Bataille des Pyramides en 1835-1836.

Nous remercions Madame Valérie Bajou pour son aide apportée à la rédaction de cette notice. Notre tableau sera inclus dans son catalogue raisonné sur Antoine-Jean Gros à paraître chez Arthéna.


[1] Jean-Baptiste Delestre, Gros. Sa vie et ses ouvrages, 2e édition, Paris, 1867, p. 12 (ill.).

[2] Antoine Jean Gros, Bataille des Pyramides. 21 juillet 1798, 1810, huile sur toile, H. 3,89 m ; L. 5,11 m, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

[3] Manfred Heinrich Brunner, Antoine-Jean Gros. Die napoleonischen Historienbilder, thèse de doctorat université de Bonn, 1979, p. 291 et note 669.

[4] Valérie Bajou et Sidonie Lemeux-Fraitot, Inventaires après décès de Gros et de Girodet, Paris, VBSLF, 2002, p. 79-80.

[5] Vente d’après-décès d’Auguste Debay, Paris, 24-27 mai 1865, no. 34 et 35. Nous remercions Valérie Bajou pour cette information.

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