Famille de bergers dans un paysage fluvial, vers 1761-1765
Huile sur panneau, H. 0.38 m ; L. 0.45 m
Provenance : Vente Dubois, 31 mars 1784, no. 131 (621 livres, à Desmarest) : « A gauche, une rivière et des lointains ; sur le devant une jeune femme portant un paquet sur sa tête, accompagnée d’un petit garçon ; ils passent près d’un pâtre, monté sur un âne (…), auprès, deux bœufs, une génisse, sous des arbres à feuillage épais ».
Collection privée.
- Pierre de Nolhac, J.-H. Fragonard 1732-1806, 1906, p. 137 (cite la vente Dubois de 1784).
- Georges Wildenstein, Les peintures de J. H. Fragonard, Londres, 1960, p. 231, no. 149 : “Paysage avec rivière, effet d’ombre”, daté 1761-1765 (cite la vente Dubois de 1784).
- Gabriele Mandel, Daniel Wildenstein, L’opera completa du Fragonard, Milan, 1972, no. 141 (cite la vente Dubois de 1784).
- Jean-Pierre Cuzin, Jean-Honoré Fragonard. Vie et œuvre. Catalogue complet des peintures, Fribourg et Paris, 1987, p. 349, no. D 101 (localisation inconnue, cite la vente Dubois de 1784).
Fragonard est l’élève de Jean Siméon Chardin puis de François Boucher, avant de recevoir le Prix de Rome en 1752. Il devient pensionnaire à l’École royale des élèves protégés les années suivantes, puis à l’Académie de France à Rome à partir de 1756. À Rome, Fragonard subit l’influence d’Hubert Robert avec lequel il travaille beaucoup, et commence à se consacrer au dessin de paysages, encouragé par son premier mécène, l’abbé de Saint-Non. Une visite à la villa d’Este à Tivoli durant l’été 1760 eut un effet décisif sur son évolution artistique.
Lors de son retour à Paris en 1761, Fragonard entreprit une série de paysages dans le goût des peintures hollandaises du XVIIe siècle, témoignant de l’impact direct de cet art sur l’esthétique d’alors. L’admiration de Fragonard pour Jacob van Ruisdaël, dont l’influence est ici évidente, a déjà été mise en lumière. C’est ainsi que Fragonard use d’un artifice équivalent, à savoir l’effet produit par les nuages denses, qui font écho au terrain accidenté et aux silhouettes des arbres. L’artiste y adjoint des figures champêtres, souvent parées de rouge vif, ainsi que des animaux. Aussi, loin des imitations serviles, Fragonard réinterprète le style de ses prédécesseurs selon la sensibilité du dix-huitième siècle dont il est le chantre incontournable.
Le probable voyage hollandais de Fragonard est encore au centre de tous les débats. Cependant, il ne lui était pas nécessaire de se rendre aux Pays-Bas pour y puiser son inspiration. Les collectionneurs français de la seconde moitié du XVIIIe éprouvaient en effet une attirance particulière pour les paysages hollandais du XVIIe, et Fragonard put avoir l’occasion d’admirer quelques-uns des chefs-d’œuvre de cet art qui se trouvaient en leur possession.