Le rocher Lyon, musée des Beaux-Arts
Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)

Le rocher, Vers 1763-1765.

Huile sur toile, H. 0.53 m ; L. 0.62 m

Signée en bas à gauche : Fragonard.

Provenance : Collection Hippolyte Walferdin ; Sa vente, Paris, 12-16 avril 1880, n° 54 ; Vente Auguste Courtin, Paris, 29 mars 1886, n° 7 ; Vente anonyme, 4 mars 1897, n° 16 ; Vente anonyme, 8 avril 1908, n° 9 ; Collection G. de Lauverjat ; Collection Arthur Veil-Picard ; Collection J. Veil-Picard ; Collection particulière, Paris.

Bibliographie :
  • P. de Saint-Victor, « Exposition de tableaux anciens », Beaux-Arts, 19 octobre 1860, n. p.
  • E. et J. de Goncourt, Fragonard, Paris, 1865, pp. 338-339.
  • Baron R. Portalis, « La collection Walferdin et ses Fragonard », in Gazette des Beaux-Arts, Avril 1880, p. 305.
  • Baron R. Portalis, Honoré Fragonard, sa vie, son œuvre, Paris, 1889, p. 126.
  • V. Josz, Fragonard, mœurs du XVIIIème siècle, Paris, 1901, p. 161.
  • P. de Nolhac, J. H. Fragonard, 1732- 1806, Paris, 1918, p. 141.
  • L. Réau, Fragonard, Bruxelles, 1956, p. 186.
  • G. Wildenstein, The Paintings of Fragonard, Aylesbury, 1960, n° 127, fig. 80.
  • D. Wildenstein et G. Mandel, L’opera completa di Fragonard, Milan, 1972, n° 159, reproduit.
  • P. Rosenberg, Tout l’œuvre peint de Fragonard, Paris, 1989, p. 86, n° 129, reproduit.

Fragonard est l’élève de Jean Siméon Chardin puis de François Boucher, avant de recevoir le Prix de Rome en 1752. Il devient pensionnaire à l’École royale des élèves protégés les années suivantes, puis à l’Académie de France à Rome à partir de 1756. A Rome, Fragonard subit l’influence d’Hubert Robert avec lequel il travaille beaucoup, et commence à se consacrer au dessin de paysages, encouragé par son premier mécène, l’abbé de Saint-Non. Une visite à la villa d’Este à Tivoli durant l’été 1760 eut un effet décisif sur son évolution artistique.

Lors de son retour à Paris en 1761, Fragonard entreprit une série de paysages dans le goût des peintures hollandaises du XVIIe siècle, témoignant de l’impact direct de cet art sur l’esthétique d’alors, et dont Le Rocher constitue une magnifique illustration. L’admiration de Fragonard pour Jacob van Ruisdaël, dont l’influence est ici évidente, a déjà été mise en lumière. C’est ainsi que Fragonard use d’un artifice équivalent, à savoir l’effet produit par les nuages denses et parfois menaçants, qui font écho au terrain accidenté et aux silhouettes des arbres. Aussi, loin des imitations serviles, Fragonard réinterprète le style de ses prédécesseurs selon la sensibilité du dix-huitième siècle dont il est le chantre incontournable.

Le très probable voyage hollandais de Fragonard est encore au centre de tous les débats. Cependant, il ne lui était pas nécessaire de se rendre aux Pays-Bas pour y puiser son inspiration. Les collectionneurs français de la seconde moitié du XVIIIe éprouvaient en effet une attirance particulière pour les paysages hollandais du XVIIe, et quelques uns des chefs-d’œuvre de cet art se trouvaient en leur possession. Ce fut notamment le cas de Pierre-Louis-Paul Randon de Boisset, Contrôleur Général des Finances, éphémère propriétaire de notre tableau, qui réunit l’une des plus importantes collections parisiennes du XVIIIe siècle, riche d’une centaine de toiles flamandes, et que Fragonard put avoir l’occasion d’admirer.

Une autre toile intitulée L’Abreuvoir est le pendant de notre tableau. Les deux peintures se trouvaient dans la collection Walferdin, et, bien que vendues séparément, furent à nouveau réunies dans les collections Lauverjat et Veil-Picard.