Portrait de Madame de Buus Baronne d’Hollebèke, née Mareel, belle-mère du Vicomte de Ranchicourt, 1837
Mine de plomb sur papier blanc, H. 340 mm ; L. 260 mm
signé et daté au milieu à gauche : Théodore Chassériau / 1837
Provenance : Oscar de Ranchicourt, puis par descendance
Collection particulière, Paris
Marc Sandoz, Portraits et visages dessinés par Théodore Chassériau, Paris, 1986, p. 14-15, no. 3 (ill.).
Louis-Antoine Prat, « Théodore Chassériau 1819-1856 – Dessins conservés en dehors du Louvre », Cahiers du Dessin français, n°5, Paris, no. 21.
Thoédore Chassériau : Parfum exotique, cat. exp. Musée national d’art occidental, Tokyo, 28 février – 28 mai 2017, p. 144-145, no. 52, repr.
Talent précoce, Chassériau entre dans l’atelier d’Ingres en 1831. Durant toute sa vie, l’artiste restera profondément marqué par cet enseignement, dans sa maîtrise du dessin, dans l’importance accordée aux portraits et dans ses compositions monumentales.
Chassériau est dit d’avoir concilié en son œuvre les tendances opposées de son temps : il aurait associé la couleur et l’expression de Delacroix à la ligne et à la construction de son maître Ingres. Néanmoins, son œuvre entière, dans sa force et sa sensibilité, est singulièrement personnelle, au point d’influencer des artistes de la génération suivante, tels Gustave Moreau ou Puvis de Chavannes.
Notre dessin date de la période après la nomination d’Ingres comme directeur de l’Académie de France à Rome en 1834. Ne pouvant pas suivre immédiatement son maître à Rome par manque de fonds, Chassériau, alors âgé de quinze ans, est livré à lui-même, mais se montre déjà en possession de son métier. Au Salon de 1836, il expose six tableaux, dont quatre – des portraits – sont maintenant au Louvre : la Mère de l’artiste, Adèle Chassériau, Ernest Chassériau, le Peintre Marilhat. Le succès remporté au Salon de 1839 (Vénus marine et Suzanne au bain, Louvre) lui vaut une commande dont le gain permet son départ pour l’Italie l’année suivante.
Comme Ingres, Chassériau aime représenter les membres de sa famille et ses amis dans des portraits dessinés. Ces œuvres étaient très appréciées à une époque où la photographie n’en était qu’à ses débuts. Ingres s’en fait une spécialité : il en trace près de cinq cents et en vend beaucoup. Chassériau par contre n’en fait que de ses relations, auxquelles il les offre presque toujours.
C’est dans ses portraits dessinés que Chassériau montre le plus l’influence de son maître Ingres. Ses œuvres restituent avec une scrupuleuse exactitude les traits de ses modèles et témoignent d’une parfaite maitrise technique et d’une grande finesse psychologique. Le portrait de la baronne d’Hollebèke charme par son graphisme léger, qui indique clairement l’influence d’Ingres.