Le Vélino au dessus de la cascade de Terni Stockholm, Nationalmuseum
Jean-Baptiste-Camille Corot (1796-1875)

Le Vélino au dessus de la cascade de Terni, 1826

Huile sur papier marouflé sur toile., H. 0.24 m ; L. 0.39 m

Provenance : Henri Rouart (1833-1912), vente Rouart Paris 1912, no. 133.
Captain Edward Molyneux.
Acquis par M. Georges Renand à la Galerie Charpentier en 1945.
Collection privée, Canada.

Bibliographie :
  • Alfred Robaut, L’oeuvre de Corot, Paris, 1905, vol. II, p. 46, no. 128 (ill.).
  • Germain Bazin, Corot, Paris, 1951, no. 12 (ill.).
  • Germain Bazin, Corot, Paris, 1973, p. 277 (ill. p. 136).
  • Peter Galassi, Corot in Italy. Open-Air Painting and the Classical-Landscape Tradition, New Haven et Londres, 1991, p. 103, ill. no. 118.

Cette étude d’un torrent impétueux date du premier séjour de Corot en Italie. Il avait quitté la France à l’automne 1825 avec Johann Carl Behr, autre étudiant de Bertin. Au printemps, tous les deux quittent Rome pour peindre en plein air dans la campagne. Ils passent les mois d’août et septembre à Papigni et Narni, à une centaine de kilomètres au nord de Rome (Robaut, 1905, vol. I, p. 36-37). Le site est très connu pour sa grande cascade, la Cascade de Marmore près de Terni, construite par les Romains pour canaliser les eaux stagnantes du Velino et les faire rejoindre la rivière Nera. Selon Robaut, Corot a peint cette étude du bord du lac Papigno, traversé par le Velino juste avant la cascade (Robaut,1905, vol. II, p. 46, no. 128 : Robaut date le tableau en 1826 et son titre est “Le Velino à la sortie du Lac de Papigno”).

En accord avec sa formation classique de peintre de paysage, Corot passe la plupart de son temps en Italie à dessiner et peindre en plein-air. Robaut a répertorié plus de 150 petits paysages datant de cette période. Ces petites études n’étaient pas destinées à être montré au public. Leur premier but, comme préconisé par le théoricien Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819), était de fixer les principaux tons du ciel, de la terre et de l’eau à la lumière du paysage à un moment particulier. Elles ne servaient pas de modèle de composition pour un tableau précis mais pouvaient être intégrées et interprétées par le peintre lors de son travail en atelier.

Selon la pratique courante de l’époque, Corot expose à son retour en France ses études de paysage dans son atelier, lui servant de source d’inspiration et d’instruction. Ceci restera une habitude toute sa vie et Corot apparemment estime beaucoup ses premières études. Robaut rapporte un épisode des années 1870 selon lequel Corot réprimande un jeune élève pour avoir passé trop de temps à copier les dernières études, disant « parce qu’on apprend rien de celles-ci, alors qu’avec mes anciennes études, c’est autre chose. » (Alfred Robaut, Documents sur Corot, vol. II, p. 85.)

D’après Robaut, Corot a gardé cette étude dans son atelier jusqu’à quelques mois avant sa mort. Son sujet est plutôt exceptionnel dans l’œuvre de Corot, qui était le peintre des eaux calmes. Cette étude puissante montre toutes les qualités d’une esquisse : l’effet produit par un coup de pinceau énergique, les couleurs vibrantes et les contrastes audacieux. Son cadrage serré sur le détail de la rivière révèle une liberté impressionnante dans la composition. C’est une étude quelque peu abstraite d’eau bouillonnante, une vibrante et fidèle interprétation de la nature. Corot est considéré à juste titre comme un précurseur des Impressionnistes pour ses peintures de plein-air.